Test de Deus Ex: Human Revolution

Plus de quatre ans auront été nécessaires au jeune studio Eidos Montréal pour mener à bien leur premier projet, antépisode d’une saga conçue par Warren Spector. Après de premières impressions enthousiastes, il est temps de faire le point sur l’aventure qui devrait être le best-seller de Square Enix cette année. Deus Ex: Human Revolution est-il aussi séduisant qu’il le prétend ?


S’attaquer à la license Deus Ex en concevant une préquelle était sûrement l’idée la plus prudente au regard des fans du premier épisode très attachés à la cohérence de l’univers et des évènements qui s’y déroulent. Human Revolution prend place en 2027, soit vingt-cinq ans avant la première aventure. Néanmoins, la technologie y semble beaucoup plus avancée. Le transhumanisme est au cœur de l’actualité, alors que la société Sarif Industries pour laquelle Adam Jensen assure la sécurité dit avoir trouvé un remède luttant contre le rejet corporel des implantations bioniques. À quelques heures d’une conférence levant le voile sur les découvertes de son amante Megan Reed, un groupe de terroristes envahit et pille les locaux de la multinationale. À l’article de la mort, Adam, inconscient, se voit subir de lourdes opérations chirurgicales : la pose d’augmentations sur son corps. Six mois plus tard, une nouvelle attaque de mercenaires l’oblige à reprendre du service, doté de ses nouveaux accessoires. L’occasion de venger son amie disparue et de découvrir un conflit économico-scientifique international.

Derrière cette trame scénaristique typique des œuvres d’anticipation se cache de nombreuses inspirations aboutissant à un travail artistique remarquable. Parmi les références assumées par les développeurs, Blade Runner, dont les enseignes épileptiques et l’ambiance si particulière sont parfaitement reproduites dans la ville d’Hengsha, deuxième destination d’Adam. Avec ses intérieurs stérilisés et ses couleurs UHT, Deus Ex: Human Revolution bénéficie d’une aura unique que l’on reconnaitrait entre mille. Graphiquement, le titre souffre tout de même de quelques lacunes, notamment certaines textures, modélisations désuètes ou ralentissements discrets dus à un moteur graphique bien tassé. Mais ce n’est rien à côté du doublage français très maladroit, mêlant voix convaincantes à synchronisation labiale bâclée. Un désastre qui décrédibilise chaque cinématique et qui convaincra sûrement les puristes de se tourner vers la version anglaise. Fort heureusement, les musiques, elles, relèvent haut la main le niveau de la bande-son. Mystérieuses pendant les phases d’infiltration, oppressantes quand l’action gagne en énergie, grandiloquente dans les dernières heures de jeu. Des compositions marquantes qui devraient d’ailleurs bientôt être immortalisées sur disque.

Évidemment très inspiré par Metal Gear Solid et Splinter Cell, Human Revolution parvient à tirer le meilleur de ces licences et des deux épisodes précédents pour proposer au joueur une expérience tout à fait inédite. À vrai dire, il est difficile de décrire les mécaniques de jeu tant il est possible de parcourir l’aventure de mille et une façons. La plus jouissive est sans contestation possible l’infiltration, qui met à profit l’excellent système de couverture et le piratage des appareils électroniques qui jonchent votre route. Les plus courageux pourront s’armer jusqu’aux dents et ne pas se poser de questions, mais l’intelligence artificielle de vos assaillants ne vous fera pas de cadeau. Quelle que soit la manière dont vous progressez, les dialogues à choix multiples, la gestion de l’inventaire et l’activation d’augmentations offrant un large panel de compétences sont un plaisir renouvelé à chaque partie. Cette flexibilité de gameplay, ces quêtes annexes, ces dizaines de chemins alternatifs pour parvenir au même objectif et ces fins alternatives font de ce Deus Ex un jeu délicieux que l’on souhaite recommencer à peine le générique de fin terminé.

Envoyer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.