Test de Fantasy Life

Deux ans que j’attendais une sortie occidentale très incertaine de Fantasy Life, l’un des plus ambitieux projets du studio japonais Level-5, cette fois assisté des petits génies de Brownie Brown et h.a.n.d, vrais experts en matière de RPG sur console portable. Discrètement, Nintendo confirmait en juin dernier la localisation du titre, une petite bombe universelle mêlant différentes inspirations, du jeu de rôle à la simulation de vie en passant par le jeu massivement multijoueur. Comme si Dragon Quest IX et Animal Crossing décidaient de se passer la bague au doigt après la mort de leur défunt ami True Fantasy Live Online. Croyez-moi, des mariages comme ça, on devrait en célébrer plus souvent.


Difficile de ne pas trouver sa place dans le petit monde merveilleux de Fantasy Life. Dès les premières minutes, et après avoir créé un avatar à votre goût, le royaume de Rêveria vous accueille à bras ouverts en vous offrant un job, une chambre à deux pas du château et des de voisins souriants. Passé le sentiment d’être tombé dans une expérience sociologique étrange dans laquelle la Terre entière vous voudrait du bien, on comprend que le titre du jeu est plutôt représentatif de cette ambiance naïve, typiquement japonaise. On aurait aimé trouver derrière ces inspirations une écriture ambitieuse et des rebondissements à base de trahisons traumatisantes, d’affrontements légendaires et autres obscures sournoiseries. Timide et assez long à se dévêtir, le scénario se contente d’élucider le mystère entourant la chute d’étranges météorites, qui pourraient bien menacer l’équilibre de ce monde imaginaire. Un grand classique, voire un simple un prétexte pour partir sur la route et visiter les quatre coins du monde. Car si l’épopée est empreinte de légèreté, les quêtes ne manquent pas, bien au contraire. Qu’elles proviennent de votre compagnon d’aventure Flotillon ou du fermier le plus insignifiant du village voisin, les requêtes sont si nombreuses qu’elles vous occuperont des dizaines d’heures, et seront récompensées par de l’expérience, des objets plus ou moins rares et surtout de l’argent à réinvestir dans l’agrandissement et la décoration de votre humble demeure. À l’heure où les DLC opportunistes sont légion, et même s’il n’échappe pas à la règle dès le premier jour de sa commercialisation, Fantasy Life est d’une générosité inqualifiable.

C’est la multitude d’activités proposées qui rend ce jeu si addictif. Ainsi, on peut tout à fait envisager de se lancer corps et âme dans le métier adopté en début de partie, ou s’accorder le bénéfice du doute en développant plusieurs spécialisations. Pour ma part, j’ai immédiatement jeté mon dévolu sur la chasse, tout en consacrant quelques heures à l’acquisition des onze autres licences. Malins, les développeurs ont en effet imaginé un arbre d’évolution gardant en mémoire l’expérience et les compétences acquises au cours de toutes vos carrières. Pour profiter de tout le potentiel du jeu, de l’artisanat et de la récolte, façonner un héros multitâche semble indispensable ; bien que les va-et-vient à la Guilde soient vite fatigants. Il est également plus amusant de se prêter aux petits jeux de rythme réservés aux ateliers de cuisine, de menuiserie et autres alchimie, que de se procurer les objets nécessaires à l’accomplissement des quêtes en boutique — ce qui reste une alternative pour la plupart des missions annexes. La progression générale s’organise autour de trois grands facteurs que sont les étoiles collectées en accomplissant des objectifs liés à votre métier, l’expérience acquise par votre personnage, déterminant son niveau, et les points de liesse, donnant droit à des bonus très matériels comme un animal de compagnie, un sac plus grand ou l’accès à une monture. Qui dit expérience, dit combats. Ceux de Fantasy Life sont directement hérités des premières moutures de Dragon Quest IX : Les Sentinelles du Firmament, qui en 2008 envisageait encore de s’essayer au temps réel, avant que les fans réactionnaires ne posent leur véto et convainquent Square Enix de faire marche arrière. Ennemis à l’étroit dans leur petite zone d’action, commandes réduites à deux touches, magies en retrait et simplicité enfantine… Les affrontements auraient mérité des ajustements, mais les nombreux butins laissés par les monstres, le crafting sans fin et l’efficace mode coopératif font vite passer cette frustration pour un petit caprice au milieu des milliers de choses à faire dans le jeu.

C’est un détail que l’on a tendance à oublier, mais le développement du titre a commencé en 2009, sur Nintendo DS. Si les illustrations conceptuelles de Yoshitaka Amano et les bases de l’univers ont été conservés, la réalisation graphique a été complètement chamboulée, passant d’une console à l’autre et d’une 2D fine et forte à une 3D plus rondouillarde, saupoudrée d’un cel-shading séduisant. Les environnements de ce monde ouvert — prairies, villages ou donjons — sont rafraîchissants, variés et colorés à défaut d’être techniquement révolutionnaires. Et comme si le casting n’était pas assez prestigieux, Level-5 s’est également offert les services d’un certain Nobuo Uematsu, compositeur historique rendant hystérique les fans de la série Final Fantasy. En résulte une bande originale fraîche mais paresseuse, la faute à des morceaux courts, répétitifs, sans réelle authenticité. C’est que les heures passées sur Fantasy Life se comptent par dizaines, tant il y a de métiers à maîtriser, de missions à accomplir, de poissons à pêcher, de bestioles à combattre, d’épées à forger, de pierres précieuses à miner, d’arbres centenaires à couper… Cette vie de rêve n’est pas parfaite, mais elle est suffisamment remarquable pour que l’on y consacre une bonne partie de la nôtre.

3 commentaires

  1. Cool le test, ca a l’air bon mais à defaut de scénario profond et de système de combat addictif, j’ai peur de pas y trouver mon compte :-/

  2. J’attends avec impatience que mon facteur vienne me livrer ma copie. J’ai eu l’occasion de le tester à Japan Expo cet été et il m’a complètement séduit, donc j’ai véritablement hâte de l’avoir entre les mains. 🙂

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