Test de Flower

Cela peut paraître étonnant voire altier mais Flower est l’un des rares jeux qui m’ont convaincu de me procurer une PlayStation 3. À la sortie de la demoiselle encore grassouillette, d’aucuns avaient en vue les innombrables épopées de militaires à base de chair fraîchement trouée. Pour ma part ce sont les tableaux ludiques de thatgamecompany et comparses qui éveillaient mes sens. Je vois en effet en la PS3 et sa concurrente de formidables opportunités pour définitivement ouvrir les yeux des plus jeunes sur l’industrie du jeu vidéo indépendant. Flower aura été ma première conquête sur le PlayStation Store, et j’ai aujourd’hui encore l’odeur de ses sulfureuses étamines sur les mains. Récit d’un amour passionnel.


« Mais c’est quoi ce jeu pour gonzesses ? ». Question naïve et stupide, vous en conviendrez, d’un adolescent boutonneux découvrant pour la première fois une vidéo de Flower dans le rayon jeu vidéo de son magasin Fnac préféré. L’industrie est telle que la moindre douceur venue d’ailleurs est systématiquement pointée du doigt. Pourtant, le successeur de Flow est peut-être le jeu le plus accessible de tout le catalogue du PlayStation Network. Ni cyprine ni œstrogènes ne viendront gâcher vos pérégrinations, croyez moi sur parole.

Le principe est simple : redonner à la nature les couleurs qu’elle mérite en voguant de fleur en fleur. Rapide comme un coup de vent, le joueur récolte ainsi des centaines de pétales plus colorés que jamais et rafraîchit une végétation ternie par l’Homme ou une trop longue trêve hivernale. Si les premiers niveaux se veulent rafraîchissants, la voyage se termine dans d’effrayants décors pollués par des champs de lignes démesurément électrifiées. Pas de discours moralisateur, pas même un mot, juste des images et de la poésie : le message passe auprès de tous les publics. Les plus jeunes et les néophytes apprécieront la jouabilité du soft qui ne nécessite qu’un de leur dix doigt et la souplesse de leur poignet, tout le reste étant pris en charge par la Sixaxis de Sony. La quête aux trophées demandant davantage de précision, l’usage des gâchettes analogiques est recommandé.

Flower c’est aussi une expérience graphique. Le jeu ne s’encombre d’aucune interface, laissant ainsi s’afficher cette exceptionnelle modélisation. L’herbe verdoyante a été animée avec brio, si bien que chaque envolée auprès des 200 000 brins dessinés est un véritable plaisir. S’il était possible de figer et immortaliser l’image, on en ferait un calendrier en haute définition. Les graphismes n’ont d’égal que leur accompagnement musical. Les balades qui ponctuent la collecte de pétales sont à l’image de l’ambiance visuelle : paisibles, poignantes, bouleversantes. Chaque bourrasque est suivie d’un crépitement, du froissement des brindilles, du ronronnement des éoliennes. Détail qui a son importance : à leur éclosion, les fleurs émettent une note de musique. Le joueur est ainsi maître de la mélodie et de son rythme. N’aurait-on pas là le combo gagnant : originalité, plaisir et esthétisme ? Bien sûr que oui. Il en devient même impensable qu’un possesseur de PS3 n’ait en 2011 pas encore mis la main sur ce trésor encore à tort considéré comme une démonstration technique.

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