Test de Catherine

Catherine fait partie de ces ovnis avec qui l’Occident ne flirte que rarement. À mille lieux des stéréotypes qui séduisent habituellement le reste du monde, sa balade sur le Vieux Continent était plus que compromise. Déjà dans le cœur des Japonais depuis près d’un an, la belle demoiselle est finalement venue exposer ses formes généreuses au début de l’année. Sexe, bits et trahisons… Impression sur la plus addictive des héroïnes.


Un couple, une relation qui dure, une montagne de problèmes. À croire que les créateurs de Catherine ont compris que les engagements amoureux ne sont que source d’ennuis et de drames sentimentaux. À ce titre, cette nouvelle expérience vidéoludique japonaise n’est pas à mettre entre toutes les mains. Les problématiques évoquées dans l’aventure ne sensibiliseront pas les plus jeunes. Et inversement, ceux déjà exposés à ce genre de galères de couple cocu ressentiront de profonds malaises, frappés par de sombres souvenirs leur rappelant les erreurs passées. S’il est accompagné depuis plusieurs années de la délicieuse Katherine, Vincent reste un bon à rien, un loser fini. Effrayé par sa proposition d’aller plus loin dans leur relation, il finit par succomber aux charmes de Catherine, blondinette en mini-jupe rencontrée au Stray Sheep Bar, et rapidement glissée sous la couette du gymnaste. Continuer une relation qui stagne ou s’aventurer dans une succession d’ébats sexuels dangereux ? Coup de foudre ou coup de bite ? Les scénaristes proposent de découvrir la démarche sentimentalo-sexuelle de Vincent et une suite de meurtres suspects qui sévissent et font la une des journaux. Séquences effrayantes, situations burlesques, délires psychédéliques, cette histoire aux multiples fins à priori très pauvre se révèle être plus sombre et déjantée qu’espérée.

Loin des jeux de séduction ou de la saga Persona, Catherine fait le pari d’une narration sulfureusement liée aux mécaniques de gameplay. Le jeu se décompose en deux phases distinctes : les tranches de vie au bar, préliminaires aux séquences de puzzle. À table ou au comptoir, Vincent échange quelques mots avec son entourage, évoque ses inquiétudes et fait rapidement un lien entre ses sentiments et les mystérieux cadavres retrouvés chaque matin en ville. Ces dialogues facultatifs donnent un relief particulier à l’histoire et complètent agréablement l’univers, même si les camarades d’infortune ne sont finalement que peu nombreux. Le Stray Sheep est aussi l’occasion de jouer à la borne d’arcade Raiponce reprenant le principe des puzzles dans une ambiance 16 bits, de se défoncer la tête au saké et de baver devant des photos coquines aux toilettes. Une fois endormi, Vincent rejoint un monde où s’entremêlent créatures sataniques, moutons égarés et confessionnaux lugubres. Ici, le concept est sommaire : pour continuer à chevaucher sa copine et la faire grimper aux rideaux, Vincent doit gravir des murs de cubes afin d’échapper aux ennemis qui le poursuivent dans ses rêves. Entre Kurushi et Devil Dice, chaque stage regorge de pièges et s’apparente à un casse-tête impossible à résoudre. Si l’escalade paraît simple, elle est en pratique complexe, voire impossible dans le niveau de difficulté le plus élevé, car régie par une gravité particulière. Il faut allier logique et célérité sans confondre vitesse et précipitation. En guise d’entacte, les paliers offrent un peu de répit, quelques discussions ovines et un interrogatoire influant sur la tournure des évènements. Il est d’ailleurs amusant de comparer ses réponses avec celles des autres coquins du monde entier. La fin d’une zone se conclut généralement par une exécution sanguinaire, rappelant que Catherine ne fait pas que dans la dentelle. Et comme elle est du genre endurante, votre relation durera une quinzaine d’heures, bien plus si vous recommencez l’aventure en agissant différemment lors des dialogues à choix multiples.

Production japonaise oblige, la direction artistique s’approche plus d’un animé que d’un jeu vidéo. Les cinématiques les plus importantes affichent une animation léchée et des dessins réussis, se mariant parfaitement avec l’univers déjanté imaginé par les développeurs. Le moteur opte pour des graphismes en cel-shading satisfaisants. Finalement, si la technique n’est pas éblouissante, elle est rapidement effacée par l’univers singulier mêlant sexe, horreur, hallucinations et « WTF! » en puissance. Tout s’enchaîne à une vitesse phénoménale, et les bizarreries surnaturelles finissent par ne plus étonner. C’est également un petit délice de compositions classiques et plus rythmées sur lesquelles se superpose un doublage de bonne facture resté en anglais. Les interfaces conservent ce style propre au jeu, et les passages réguliers dans le smartphone de Vincent sont loin d’être déplaisants. Si elle n’est pas la Miss France de cette génération, Catherine a suffisamment d’atouts pour convaincre à l’heure où les titres du genre se font de plus en plus discrets.

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