Test de Limbo

N’imaginez pas, avec Limbo, vous trémousser sur une plage paradisiaque, le torse huileux caressant un morceau de bambou au rythme d’une mélodie trinidadienne. Playdead ne vous offre pour ce voyage qu’une danse macabre. Corde au cou et fusil sur la tempe, seuls les joueurs les plus avertis peuvent oser affronter les mille et une sinistres énigmes qui joncheront leur chemin.


Et si les limbes étaient le théâtre des massacres les plus sordides ? Si l’imaginaire d’un jeune homme neurasthénique devenait réalité ? Limbo, c’est avant-tout un monde étrange, une ambiance dramatiquement angoissante mais un manque total de contextualisation. Immédiatement, le joueur est plongé au coeur de l’action. Pas une seule introduction, pas une once de ligne scénaristique. Là-haut, on ne perd pas de temps avec les formalités. Progressivement, on regrette les arbres millénaires qui faisaient presque passer la forêt initiale pour un paradi céleste. Entre aranéides titanesques et autochtones sanguinaires, le sort semble s’acharner sur ce pauvre garçon sans nom. Dans quel but ? C’est au joueur d’en décider. Rejoint-il sa sœur en enfer ? S’agit-il d’une pure allégorie  ? Limbo est prétentieux : à force de vouloir à tout prix rapprocher jeu vidéo et disciplines artistiques traditionnelles, on en oublierait presque l’un des intérêts majeurs d’une épopée comme celle-là… La narration. Elle aurait pourtant trouvé sa place, évitant ainsi une certaine frustration de la part du joueur qui n’a pour lot de consolation que son imagination.

L’angoisse n’aurait pas pu être aussi bien retranscrite que par cette monochromie qui n’ampute en rien toute la violence visuelle du titre. Même obscures, les litres de sang qui arrosent le voyage font froid dans le dos. Pendaisons, découpes et égorgements sont légion, mis en avant par une bande-son des plus glaciales. Aucune musique ne vient accompagner le froissement des viscères percées des pièges toujours plus malhonnêtes. Ce minimalisme est redoutablement efficace, notamment quand il est appliqué aux arrière-plans nébuleux et éblouissants.

Limbo ne réinvente pas le jeu de plates-formes, il l’épure. Si bien qu’il pourrait être joué avec une manette NES. Deux boutons suffisent à progresser : l’un pour sauter, l’autre pour effectuer une action. Au diable les interfaces complexes et maniements douteux, ce sont ici les casse-têtes et le level-design qui enrichissent le gameplay. Si les premiers pas sont classiques, on se retrouve rapidement face à des mécanismes activant écluses, engrenages et ascenseurs. Quand la gravité est alors remise en question, la difficulté est accrue. Les allers et retours se multiplient, on tâtonne, on échoue, on aimerait à notre tour éventrer le héros, on recommence et on progresse. Les innombrables « game over » ne rendent malheureusement pas le voyage plus long. Trois à cinq heures suffisent pour parcourir les limbes. Un peu plus pour obtenir les trophées. C’est léger. 

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