Test de Assassin’s Creed

L’arrivée de la haute définition dans le petit monde des jeux-vidéo a considérablement altéré la sensation et la perception que les joueurs pouvaient détenir après avoir achevé leur aventure. En 2007, après des années de conception, le studio Ubisoft accouche enfin d’Assassin’s Creed, premier d’une lignée de titres incontournables, presque intouchables. J’ai décidé de me plonger tête baissée dans cette saga, las d’entendre quotidiennement d’innombrables éloges à son sujet. L’occasion de constater une fois encore que la direction artistique d’un projet peut aisément éclipser des défauts impardonnables.


Le contexte scénaristique d’Assassin’s Creed est si particulier qu’il est difficile de le décortiquer sans prendre le risque de révéler des éléments majeurs de l’intrigue. Le joueur incarne un assassin de la fin du XIIe siècle, au milieu de la Troisième Croisade qui sévit en Terre Sainte. Trop sûr de lui, Altaïr a par le passé commis de graves erreurs auprès de sa confrérie. Pour se racheter et regagner la réputation qui faisait de lui un brillant meurtrier de l’ombre, il se résout à obéir à son mentor, Al Mualim. Équipé de ses armes blanches, il doit successivement éliminer neuf tyrans qui sévissent à Jérusalem, Damas et Acre. Alors qu’il comprendra vite qu’un complot plus important se trame derrière ce contexte complexe et passionnant, le joueur, lui, assiste à des séquences, des interfaces et des anachronismes qui perturbent la logique des évènements. Ce méli-mélo ne surprend malheureusement que quelques heures, la chute de l’aventure pouvant être devinée dès la troisième séquence de cette épopée qui en contient sept.

Cette histoire épique ne pouvait évidemment qu’être accompagnée d’un système de jeu du même acabit. Prendre le contrôle d’Altaïr est un jeu d’enfant. Il déambule avec classe au dessus des toits à la recherche de ses proies. Il combat avec une aisance spectaculaire, enchaînant projections et égorgements sans sourciller. Les développeurs ont pourtant oublié un élément essentiel : l’intérêt. Ce qui fait que l’on prend plaisir à passer plusieurs heures manette en main. Dans chaque ville, et pour chacune des séquences, la mécanique est identique : rejoindre le bureau des assassins, voler des documents, décimer des templiers, éliminer la cible finale et se cacher. La chasse aux drapeaux et le sauvetage de dizaines d’autochtones en danger ne sont pas plus passionnants : l’ensemble est très répétitif, sans surprise, lassant, déprimant. Les doublages français sont du même acabit : trois ou quatre tirades pour les ennemis, à peu près autant pour les milliers d’habitants qui peuplent les villes. C’est à rendre fou ! On s’affranchit finalement très vite des à-côtés pour aller droit au but et boucler ce premier épisode paraît-il beaucoup moins excitant que ses prédécesseurs. 

Fort heureusement, la technique sublime une partie de ces erreurs de parcours. Même en 2011, Assassin’s Creed est époustouflant. Observer la ville toute entière du haut d’un clocher est peut-être une expérience aussi jouissive que de galoper dans les prés arides de Red Dead Redemption. Sur consoles, de nombreux ralentissements démontrent que l’optimisation n’a pas été le cadet des soucis de l’équipe, mais ces baisses de framerate ne gênent pas le bon déroulement de l’action. Avec cette direction artistique et ces performances techniques solides, la suite devrait être exquise, à une seule condition : que l’ennui ne prenne pas l’avantage, et qu’elle ressemble plus à un vrai jeu d’aventure qu’à un beat them all abrutissant. Mon verdict dans quelques semaines…

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