Test de Pokémon X

Retour en enfance. Très honnêtement, jamais je n’aurais cru un jour rejouer à la série Pokémon. Mais il aura fallu quelques vidéos et l’annonce du retour de certaines bestioles des premières générations pour réveiller ma nostalgie et attiser ma curiosité. Le passage sur Nintendo 3DS promettait une belle refonte graphique et quelques nouveautés dépoussiérant le concept de la franchise. Après une cinquantaine d’heures de jeu, le constat est incontestable : à 25 ans, je suis ravi d’être resté un gamin.


Malheureusement, on constate dès les premières minutes que les scénaristes sont eux aussi restés bloqués dans les années 90. Pokémon X et Y reprennent l’ossature assez linéaire des précédents volets avec des enjeux et des étapes inchangés : quitter sa pauvre mère, compléter le Pokédex, affronter huit champions d’arènes, humilier le Conseil des Quatre, réduire en miettes le Maître puis démanteler une mafia locale. Cette fois, c’est la Team Flare qui menace la région de ses intentions un peu tirées par les cheveux. Mais si ses sbires ne sont pas vraiment inquiétants, ils ont le mérite d’être charismatiques et suffisamment absurdes pour décrocher quelques sourires. Le temps s’est également figé au sein même des dialogues d’une niaiserie confondante qui à chaque réplique amènent à se poser la question : « ai-je l’air si stupide ? ». Ce niveau de débilité profond, que l’on devine censé plaire aux plus jeunes joueurs, est généralement atteint au cours des rencontres avec les compagnons d’aventure. Le plus insupportable d’entre-eux est sans aucun doute Sannah, le stéréotype de la meilleure amie trop enthousiaste qui abuse des majuscules, des ♥ et des petits surnoms gênants, tout ça en même temps, jusqu’à l’écœurement. Pour calmer les nausées, on peut compter sur les longues balades dans les routes de Kalos, vaste zone inspirée de la France. Illumis, la « ville lumière », probablement la plus grande des bourgades jamais conçue pour la série, est une véritable ode à Paris. Cafés, boutiques, rues pavés et taxis hors de prix : tout y est. Le voyage offre d’autres belles découvertes inspirées, comme l’automnale Roman-sous-Bois ou le majestueux Palais Chaydeuvre. Pas le temps de faire trop de tourisme cependant : la plupart du temps, on le passe au combat, dans les hautes herbes, les grottes, ou contre les dizaines d’apprentis dresseurs qui comme à leur habitude squattent le chemin de la Route Victoire.

Si plus d’un possesseur de Nintendo 3DS sur cinq a déjà acheté Pokémon X ou Y, c’est parce que cette sixième génération se révèle être un formidable hommage à nos vieilles cartouches de 1996. À commencer par les starters, qui pour la première fois sont au nombre de deux. Le premier, à choisir parmi trois Pokémon inédits, est exceptionnellement délivré par vos collègues. Mais un peu plus tard, une fois nez-à-nez avec le Professeur, vous sera confiée une autre créature : Salamèche, Bulbizarre ou Carapuce, les véritables héros des premières versions Game Boy, là où Pikachu monopolisait l’attention dans le dessin animé. Un choix à ne pas prendre à la légère car ces trois-là bénéficient d’une Méga-Évolution temporaire, à activer pendant les combats. Ces formes ultimes réservées à quelques espèces sont redoutables, peut-être trop pour des évolutions à déclencher sans contrepartie ou handicap. Ce déséquilibre traduit parfaitement l’une des frustrations majeures de ce titre : sa déconcertante facilité. Entre la générosité excessive des habitants — il pleut des CT —, les soins complets proposés par certains PNJ au milieu de nulle part et l’objet Multi Exp maintenant actif pour tous les Pokémon de l’équipe, la mission sauvetage de Kalos prend des airs de promenade de santé. D’autres nouveautés plus ou moins anecdotiques sont à signaler : un nouveau type Fée attribué à 34 Pokémon pour enfin faire de l’ombre aux Dragons, un système d’entraînement automatisé vite délaissé, des mini-jeux abrutissants, des combats et des échanges en ligne ou via la connexion streetpass. En réalité, après la trentaine d’heures nécessaire à l’achèvement de la trame principale, seule la complétion du Pokédex et la frénétique chasse aux chromatiques vous engageront à rallumer la console, si vous êtes d’un naturel patient et perfectionniste.

Par le passé, la série a déjà tenté l’expérience de la représentation 3D, privilège exclusivement réservé aux consoles de salon pour les cobayes Pokémon Stadium, XD, Colosseum ou Battle Revolution. C’est donc la première fois que la saga canonique bouleverse ses codes en se frottant à cette étape obligatoire, tout en conservant la mise en scène originale des affrontements. Le résultat est splendide à côté des versions Noire et Blanche 2 qui faisaient office de bouillie de pixels difficile à digérer en 2012. Le révolution graphique ne concerne pas seulement la modélisation en cel-shading impeccable des monstres, qui profitent par ailleurs d’animations plus fluides et immersives. Les phases d’exploration se permettent quelques séquences réussies à la troisième personne. La prise en main en prend un sacré coup, notamment quand on chausse les rollers et que la caméra s’affole, mais cette sensation de liberté colle parfaitement à l’image que la franchise tente de se donner, celle d’un safari géant. Pour remplir le cahier des charges de la machine, Game Freak propose une légère 3D stéréoscopique à activer pendant les combats et dans une poignée d’environnements. L’effet est loin d’être convainquant, d’autant plus qu’il fait drastiquement chuter le frame rate. À l’heure où Nintendo remet en question de cette fonctionnalité boudée par les joueurs, on peut aisément se contenter de la refonte artistique, qui couplée avec la richesse de Kalos et le rythme de l’aventure font de Pokémon X et Y des épisodes avares en innovations, mais certainement les plus aboutis de cette licence qui continue à faire découvrir le genre RPG à un large public.

5 commentaires

  1. J’avais abandonné Pokémon après Noir et Blanc qui avait déjà voulu chambouler une licence restée identique depuis plus de 10 ans et j’étais convaincue jusqu’à Noir 2 et Blanc 2 qui m’ont laissé de marbre et auxquels je n’ai pas joués d’ailleurs. Puis, à l’annonce de ces nouvelles versions sur Nintendo 3DS, la dresseuse qui sommeillait en moi s’est réveillée en même temps que mon intérêt pour la série. Ces nouvelles versions sont un véritable appel aux joueurs des premières générations tant les clins d’oeil aux cartouches précédentes sont présents et c’est avec nostalgie que je me suis plongée dedans. Cependant, malheureusement je n’ai plus la patience ni l’envie de passer des heures à collectionner les monstres de poche, je me contenterai de combats entre amis. Je me suis malgré tout bien amusée et Pokémon X et Y redonnent un coup de fouet à la série même si comme tu le dis si bien dans ton article je me serais bien passée des mini-jeux et de la facilité déconcertante du soft.

  2. Le scénario n’a souvent été qu’un prétexte dans les jeux Pokémon, mais je trouve que dans le fond, celui de X et Y est un peu plus audacieux que dans les épisodes précédents : moins manichéen dans les ambitions des « méchants », évocations de guerres, de génocides, de sacrifices de Pokémon, sans malheureusement décoller de la niaiserie et de la naïveté propres à Pokémon, qui cible avant tout un public jeune, voire très jeune (d’où la difficulté qui est sans cesse revue à la baisse).
    En tout cas, pour les joueurs stratégiques, la 6ème génération apporte un lot de nouveautés qui ne passe pas inaperçu : la possibilité de visualiser plus ou moins précisément les EV des Pokémon et de les augmenter via le SPV, le Safari ami qui facilite grandement l’obtention de Pokémon à IV « parfaits », de même que la reproduction qui devient moins chronophage grâce à une hérédité assouplie. Avec tout ça (et bien d’autres détails que j’ai sûrement oublié de citer), il devient plus facile et moins coûteux de constituer une équipe stratégiquement viable et de la faire combattre dans le mode online qui a lui aussi été amélioré.
    Et pour finir, les méga-évolution ajoutent avec l’arrivée du type fée de nouvelles possibilités stratégiques pour des Pokémon qui étaient autrefois inintéressants, même si certaines d’entre elles relèvent davantage du fan service et ne sont pas réellement justifiées, mais on apprécie toujours de redécouvrir nos petites bèbètes sous un nouveau jour.

    • Je n’ai pas encore exploité le mode online. J’imagine qu’il faudrait presque y consacrer un autre article vu le nombre de fonctionnalités qui ont été conçues !

  3. J’ai passé un bon moment dessus, mais je n’arrive pas à m’y remettre depuis que Bravely Default est sorti.

    Le multi-exp, l’entraînement IV, les méga-évolutions, le safari et les nouvelles règles d’élevage sont un grand pas en avant pour simplifier les étapes les plus chiantes de la constitution des équipes « strat ». En revanche, et ça j’ai du mal à le comprendre, pourquoi n’ont-ils pas ajouté un mode « difficile » au jeu alors qu’ils avaient franchi cette étape pour N&B2 (de manière un peu bancale) ?
    Ç’aurait juste été énorme, parce qu’en dépit de la facilité consternante des combats, c’est fun. Alors avec le challenge adéquat…

    Les fonctionnalités en ligne sont un gros point fort en tout cas. C’est vraiment chouette de pouvoir faire ses échanges aussi simplement, et sans avoir à passer pour un Pedobear en puissance en approchant les gamins ayant une 3DS à la main !
    Blague mise à part, ce n’est pas forcément évident de trouver des gens qui jouent à Pokémon quand tu passes ton temps au boulot avec des gens qui ont 20 ans de plus que toi au minimum 😀

    À côté de ça, j’attendais la banque pokémon pour m’y remettre, mais vu que ça a été repoussé et qu’apparemment les routines anti-hack ne sont pas au point, je ne sais pas trop ce que ça va donner.

    Je suis assez confiant pour l’avenir de la série en tout cas, et qui sait, peut-être que je pourrai en faire profiter mes gamins dans une dizaine d’années quand ça ne m’intéressera plus moi-même.

    • J’ai été très étonné d’avoir autant de streetpass et de propositions de combats dans le métro à Paris. Je sais que la console se vend bien et que le jeu aussi, mais 1 à 3 rencontres par jour sur le même trajet, c’est surprenant. Pour ça, la 3DS est vraiment chouette.

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